Société d'Histoire, d'Archéologie et des Arts du Pays Thouarsais

Avec la diffusion des idées religieuses de Luther et Calvin, Thouars s’impose comme une ville importante pour les protestants dès le milieu du XVIème siècle. Alors que les églises de Parthenay sont pillées au printemps 1562, celles de Thouars sont épargnées mais détournées de leurs vocations. C’est ainsi que le prêche réformé s’installe en l’église Saint Médard alors que les catholiques fuient la ville en nombre.

Au fil des décennies suivantes, après le massacre de la Saint Barthélémy en 1572, la France s’enlise dans les guerres de Religion.

Thouars se fait tantôt protestante, tantôt catholique, selon l’évolution des combats et de la position des seigneurs qui les mènent. En 1598, la signature de l’Edit de Nantes est censé permettre un liberté de culte et assurer la paix dans le royaume. Thouars est reconnu en tant que ville protestante. Un templey  est construit avec l’aval d’Henri Ier de la Trémoïlle.

Mais à Paris comme dans les provinces, la situation reste confuse, aggravée par l’assassinat d’Henri IV en 1610.

Au gré de la position des souverains successifs, les ducs de Thouars eux-mêmes jurent fidélité à l’une ou l’autre des deux religions.

En 1612, le pape déclare le Poitou, « terre de mission » avec volonté d’y faire disparaitre le culte protestant. Tous les acquis de l’Edit de Nantes sont remis en cause. La vie quotidienne devient de plus en plus difficile pour les huguenots. Thouars perd alors de nombreux habitants dont certains rejoignent le « Nouveau monde » en Amérique du nord.

Les pressions se font de plus en plus fortes. Les protestants sont invités à se convertir contre de l’argent. S’ils refusent, leurs impôts augmentent, notamment sous l’impulsion de l’intendant Marillac qui commande le Poitou. Quant aux compagnies de dragons, elles sillonnent villes et villages et attisent la peur.

La méthode fonctionne et à Thouars, de nombreux calvinistes, qui n’ont pas pu ou n’ont pas voulu fuir, abjurent leur religion, souvent sous la contrainte. C’est le cas de Jacques Libault.

Ce 17 octobre 1684, à quatre heures de l’après-midi, en l’église Saint Médard, il se présente devant l’assemblée présidée par le curé de la paroisse, Pierre Bouilliaud, entouré de son chapitre.

Jacques Libault a 20 ans, il est tisserand comme son père avant lui. Selon un protocole bien rôdé et répétant chaque phrase du texte qu’on lui ânonne, il abjure le calvinisme et demande à intégrer la foi catholique. Si son acte d’abjuration est signé par de nombreux témoins, celle de Jacques Libault n’apparait pas sur l’acte, il a déclaré ne pas savoir écrire. Des dizaines d’abjurations, parfois collectives, auront lieu à Thouars à cette période.

Un an plus tard, en octobre 1685, l’Edit de Nantes est révoqué par Louis XIV, les pasteurs ont deux semaines pour quitter le territoire. Officiellement, il n’y a plus de protestants en France !