Société d'Histoire, d'Archéologie et des Arts du Pays Thouarsais

BLOG

blog

08 mars 2021

Frédérique Chauvenet, une femme du siècle

En cette Journée de la Femme, la SHAAPT a souhaité mettre en avant l’une de ses plus fidèles adhérentes, Frédérique Chauvenet. A l’image de bien d’autres Thouarsaises avant elle, elle a montré un caractère et une pugnacité qui forcent le respect et rappellent le rôle essentiel des femmes dans la marche du monde.

Née en 1917, à Paris, la petite Frédérique ne connaitra pas son père, mort au combat cette même année. Avec sa mère, Yvonne, elles s’installent à Thouars, accueillies par le grand-père, le Dr Verrier, notable local à qui l’on doit notamment la création du Syndicat d’Initiative. Dans la maison familiale de la rue Duguesclin, l’enfant grandit entourée d’affection. Elle a soif de savoir et suit sa scolarité à la maison, jusqu’au baccalauréat. " Je regrette d'avoir passé mon enfance à Thouars, je n'ai pas eu d'amies d'école » avoue-t’elle.

Un monde en mutation

A l’âge de 19 ans, elle épouse Marcel Chauvenet. Il est sculpteur et le couple s’installe à Paris, à la Cité fleurie, près de Montparnasse, où vivent d’autres artistes. Dans cette période d’insouciance de l’avant-guerre, Frédérique encourage son mari dans ses créations, élevant leurs quatre enfants, Marie, Frédéric, Elisabeth et Antoinette.

Après la guerre, Frédérique Chauvenet salue l’obtention du droit de vote pour les femmes : "Grâce à De Gaulle, on pouvait enfin s’exprimer. Avant on n'avait aucune idée à avoir" réagit-elle.

Elle précise néanmoins que l’évolution de la place de la femme dans la société s’est faite tout doucement. En mai 1968, au cœur du Quartier latin, elle est aux premières loges des manifestations, "un grand événement qui m'a beaucoup passionnée » reconnait-elle. « On avait envie de pouvoir faire tout ce qui n'était pas obligatoire. J'étais à toutes les manifs mais je n'ai pas lancé de pavé" s’amuse-t-elle.

C’est à cette période que la vie de Frédérique Chauvenet prend un tour décisif. La Cité fleurie est menacée de destruction. Avec son époux, la jeune femme crée un comité de défense du site. Face à cette détermination, la Cité fleurie sera finalement sauvée et classée au titre des Monuments historiques. Frédérique Chauvenet est légitimement fière d’avoir mené ce combat. Son engagement lui vaudra même les félicitations du président Mitterrand qu’elle recevra en personne.  

Retour à Thouars

A la mort de son époux Marcel, dont elle n’aura de cesse de valoriser le travail de sculpteur, elle revient à Thouars dans la maison de son enfance. Mais à 70 ans, elle n’a nullement envie de rester cloitrée chez elle !

Elle s’inscrit à l’Université de Poitiers pour suivre des études d’Histoire et obtient sa maîtrise. Peut-être était-ce là une revanche inconsciente en hommage à sa mère. En 1917, à son arrivée à Thouars, celle-ci avait souhaité reprendre des études et faire médecine. Une idée bien vite éteinte par la réaction de son beau-père, le Dr Verrier : "Mon enfant vous allez faire un travail à la place de gens qui en ont besoin. Vous, vous avez de l'argent". Dont acte…

A Thouars, fidèle à ses convictions, Frédérique Chauvenet s’investit dans la politique locale, siégeant au conseil municipal aux côtés du maire Serge Moulin.

Une femme d’engagement

Mais c’est aussi à titre culturel qu’elle prouve sa force de persuasion. Se passionnant pour l’histoire locale, elle est incollable sur le sort de Marguerite d’Ecosse, la première femme de Louis XI, soi-disant enterrée dans l’église saint-Laon de Thouars. Mais l’église est en triste état et il faudrait des fonds pour mener des recherches sur le site. Afin de sensibiliser la population et les élus, elle crée l’association « Thouars Marguerite d’Ecosse » et parvient à ses fins. Grâce à elle, la présence du corps de la princesse est confirmée par les spécialistes et la chapelle où elle repose est réhabilitée, donnant un nouveau cachet à l’abbatiale romane.

Adhérente de la Société d’Histoire depuis de nombreuses années, elle présente plusieurs conférences sur l’histoire locale pour lesquelles elle travaille avec enthousiasme et organise même un colloque sur la famille de la Trémoïlle au printemps 2006, réussissant le tour de force de faire venir à Thouars historiens et chercheurs réputés.

Aujourd’hui âgée de 103 ans, Frédérique Chauvenet reste toujours active, se connectant chaque jour à Internet et gardant son insatiable curiosité sur la marche du monde.

Membre d’honneur de notre association, elle est un formidable exemple pour les jeunes femmes d’aujourd’hui.

recevoir les article du blog par Mail

Articles Récents

  • 27 mars 1941

    En pleine Occupation, le drapeau français flotte place Lavault
  • 26 mars 1465

    Louis XI prend la tête de son armée à Thouars
  • 21 mars 2012

    La gare Saint Lazare retrouve ses vitraux
  • 21 mars 2012

    La gare Saint Lazare retrouve ses vitraux
  • 21 mars 2012

    La gare Saint Lazare retrouve ses vitraux

Contactez nous

SHAAPT
BP 17
79100 thouars

Suivez-nous

facebook
youtube

OBJET DU CONTACT