Société d'Histoire, d'Archéologie et des Arts du Pays Thouarsais

Ce matin du 7 octobre 1822, la place Saint Médard bruit d’une agitation inhabituelle. L’évènement qui va s’y dérouler n’est pourtant guère festif mais a attiré une foule hétéroclite de curieux venant des quatre coins du Thouarsais. La guillotine a été dressée devant l’église.

En ce jour d’automne, on exécute Guillaume Saugé. Cet huissier de justice originaire de Niort est arrivé à Thouars dans le courant de l’année 1820. Si peu d’informations subsistent à son sujet, on sait qu’il fut divorcé deux fois. Il s’installe près de la place Saint Médard où sa maison est toujours visible, dans la rue qui porte son nom.

En début d’année 1822, il fait partie des proches du général Berton qu’il accueille dans son logis avant l’incroyable aventure du 24 février. Ce jour-là, cet ancien soldat de la Révolution, ayant aussi été un fidèle de l’Empire, décide de créer un gouvernement provisoire à Thouars et de rallier des troupes avant de rejoindre Paris pour faire tomber Louis XVIII et installer sur le trône de France le fils de Napoléon. A son départ de Thouars, Berton est accompagné de 150 hommes dont Guillaume Saugé. Si certains se rallient aux idées de Berton, d’autres se considèrent avant tout républicains, tel Saugé.

Mais l’équipée tourne court et tous sont arrêtés à Saumur. Emprisonnés, les conspirateurs sont jugés à Poitiers. Le général Berton y est exécuté le 6 octobre 1822. Le lendemain, sur la place Saint Médard, c’est Guillaume Saugé qui monte à la guillotine. Avant que le couperet tombe, la foule l’entend s’écrier : « Vive la République » !

Visuel : la rue Saugé au début du XXème siècle ©coll. privée