Société d'Histoire, d'Archéologie et des Arts du Pays Thouarsais

BLOG

blog

16 novembre 1905

L'Affaire Gaud & Toqué s'achève à Thouars

C’est l’un des premiers grands scandales judiciaires de ce début de XXème siècle. Le 16 novembre 1905, dans le brouillard automnal de ce jeudi matin, deux prisonniers font leur entrée à la maison de force de Thouars, installée dans l’ancien château des ducs de la Trémoïlle depuis une trentaine d’années.

Même si les condamnés restent invisibles, la foule s’est massée devant l’entrée de la prison pour tenter de les apercevoir. Depuis plusieurs mois, Georges Toqué et Fernand Gaud font les gros titres de la presse. Leur condamnation a cinq ans de prison scandalise ceux qui les soutiennent comme ceux qui les détestent. Trop pour les uns, pas assez pour les autres !

Tout a commencé à l’été 1903.

Tous deux âgés de moins de 30 ans, Toqué et Gaud sont en poste à Fort Crampel, au Congo, alors colonie française (aujourd’hui Kaga-Bandoro en République centrafricaine). Fonctionnaire formé à l’Ecole coloniale, Georges Toqué est responsable du poste militaire. Quant à Fernand Gaud, de cinq ans son cadet, étudiant en pharmacie à Carpentras, il est ici dans le cadre de son service militaire, commis aux Affaires indigènes. Depuis son arrivée, il a déjà montré un caractère violent et autoritaire.

Le 14 juillet 1903, le poste militaire de Fort Crampel fonctionne au ralenti. La plupart des hommes sont en permission en cette journée fériée. Trois indigènes sont emprisonnés depuis plusieurs jours pour des faits mineurs. Dans la torpeur de cette chaude journée de juillet, Gaud demande à son supérieur ce qu’il doit faire de ces trois hommes. Faut-il les libérer par mansuétude en raison de la Fête nationale comme cela se pratique ordinairement ? Toqué répond d’en libérer deux. Quant au troisième, un dénommé Pakpa, dont Toqué sait qu’il a eu un différend personnel avec Gaud, il lance « Du troisième, faites ce que vous voulez ! ».

Fernand Gaud choisit d’exécuter l’indigène de façon barbare en lui attachant un bâton de dynamite autour du cou. Sans autre forme de procès, il fait exploser le pauvre homme.

Dans les semaines qui suivent, Gaud et Toqué ne sont pas inquiétés. Mais l’atrocité de l’acte se répand néanmoins rapidement et arrive jusqu’à Paris où la presse s’empare de cette exécution arbitraire et barbare. Face à la pression populaire, le gouvernement exige une enquête puis un procès. Pour en minimiser la portée médiatique, le ministère des Colonies décide qu’il se tiendra à Brazzaville.

Le procès s’ouvre en août 1903. Condamnés à cinq ans de prison, les deux hommes, semblant étrangers à ce qu’on leur reproche, ne manifestent aucun remord. « C’était pour dissuader, pour impressionner » sera leur seule défense.

L’Affaire Gaud et Toqué marquera durablement les esprits. Et comme le laisse entendre la presse de l’époque, « les bienfaits de la colonisation vantés par l’Etat cachait sans doute une bien triste réalité ».

Emprisonnés à Thouars, Gaud et Toqué verront leur peine ramenée à deux ans d’emprisonnement. Reconnu coupable de trahison avec l’ennemi pendant la Première Guerre mondiale, Georges Toqué sera fusillé en 1919.

recevoir les article du blog par Mail

Articles Récents

  • 10 décembre 1979

    Mort de l'écrivain Peter Randa
  • 09 décembre 1933

    Le duc de la Trémoïlle meurt dans un incendie
  • 07 décembre 1933

    King Kong au cinéma à Thouars
  • 04 décembre 1898

    Jules Guesde est à Thouars
  • 03 décembre 1944

    Les Thouarsais rendent hommage aux Résistants

Contactez nous

SHAAPT
BP 17
79100 thouars

Suivez-nous

facebook
youtube

OBJET DU CONTACT