Société d'Histoire, d'Archéologie et des Arts du Pays Thouarsais

Si le Président Emmanuel Macron est passé à Thouars au printemps 2025, un autre avant lui avait fait une halte plus rapide, 130 ans plus tôt.

Ce jeudi 6 juin 1895, dans l’après-midi, le train du président Félix Faure est attendu en gare de Thouars.

Elu depuis le mois de janvier, jouissant d’une belle popularité, Félix Faure a entrepris une série de déplacements dans les régions françaises où il est partout accueilli chaleureusement. Prenant le temps d’échanger avec ceux qui lui sont présentés, bousculant le protocole, « épuisant son entourage par son énergie » comme le précise la presse de l’époque, Felix Faure revient d’un déplacement dans le sud-ouest. Après Tulle, Périgueux et Bordeaux, où il a inauguré la 13^ème Exposition internationale, le Président de la République a fait une halte à Saint Maixent le matin même, visitant l’Ecole militaire avant de reprendre son train en direction de Paris.

A Thouars, le passage du convoi doit être furtif et aucun protocole n’est mis en place puisqu’il n’y a pas de halte prévue. Néanmoins, on a pavoisé la gare et les quais ; l’horaire de passage du train présidentiel a même été annoncé dans la presse locale. Dès lors, une petite foule s’est massée sur les quais et les badauds sont nombreux à espérer apercevoir le nouveau locataire de l’Elysée.

Bien leur en a pris puisque la locomotive montre des signes de défaillance et qu’il faut changer la machine. Aussi, le convoi s’arrête-t-il quelques minutes en gare de Thouars.

Aux vivats enthousiastes de la foule, le Président de la République sort sur la plateforme du train et salue ceux qui l’approchent. Dix minutes après, le train repart, l’effervescence retombe.

Quelques mois plus tard, Félix Faure, que ses opposants surnomment « le président Soleil » pour son goût du faste, se retrouvera au cœur de l’Affaire Dreyfus avec le fameux « J’accuse » de Zola, qui lui est directement adressé. Sur le plan international, il signera l’alliance avec la Russie en recevant le tsar Nicolas II puis en se rendant lui-même en visite officielle en Russie en 1897.

Mais son mandat s’arrêtera brusquement, dans les bras de sa maitresse, en janvier 1899, dans les salons de l’Elysée.

Une mort prématurée qui ne lui laissera pas le temps de revenir à Thouars dont il ne connaitra donc que la gare !

Visuel : le train présidentiel au départ de la gare St Lazare en avril 1895