Société d'Histoire, d'Archéologie et des Arts du Pays Thouarsais

Il fait bien froid à Thouars pour une journée de printemps. On dit même qu’il est tombé quelques flocons ce dimanche matin à Paris. Mais rien n’entame l’enthousiasme des travailleurs et de leurs proches réunis rue Anatole France, non loin de la gare, pour cette Fête du Travail.

Ils sont plus d’un millier, ce 1^er mai 1938, à avoir répondu à l’invitation de l’Union locale des Syndicats conférés. Parmi eux, de nombreux cheminots. Si chacun est ici au nom de la Fête du Travail, on inaugure aussi la nouvelle Maison du Peuple. Présentes dans de nombreuses villes de France, financées par les syndicats et les municipalités de gauche, elles sont des lieux a la fois de politisation et de sociabilité.

Installée dans un vaste bâtiment de la rue Anatole France depuis quelques années, celle de Thouars vient d’être entièrement réaménagée et agrémentée d’une façade typique des années 1930, grâce au soutien de la CGT et aux dons des syndiqués. Lieu de réunion, on y vient aussi en famille pour des moments conviviaux et des ateliers sont prévus pour les enfants, notamment l’enseignement de la musique assuré par M. Moreau et son épouse.

A 11h précises, le camarade Bodinot, secrétaire de l’Union-Etat des cheminots et secrétaire de la CGT, prend la parole, félicitant les travailleurs thouarsais pour la réalisation de cette Maison du Peuple et les encourageant à conserver les valeurs prônées lors de la création de la Fête du Travail, le 1^er mai 1890. Puis, le maire de Thouars, Albert Boisseau, lui succède. Au nom de la municipalité de Front populaire, il rappele son soutien aux travailleurs et l’importance de l’union syndicale face au fascisme de plus en plus présent en Europe.

Puis la foule se forme en cortège pour rejoindre le Théâtre municipal où sont prononcés d’autres discours avant que les élèves de musique de la Maison du Peuple n’interprètent plusieurs chants laissant ensuite la place aux athlètes de l’Union sportive.

Utilisée jusque dans les années 1980, la Maison du Peuple fut ensuite vendue pour devenir une habitation. Si le fronton « Maison du Peuple » est resté longtemps visible, il n’en reste rien aujourd’hui.