Société d'Histoire, d'Archéologie et des Arts du Pays Thouarsais

D’André Duquesne, il ne reste aujourd’hui qu’une simple pierre tombale au cimetière de Sainte Radegonde près de Thouars. Et ses livres, signés Peter Randa, ne sont plus guère disponibles en librairie.

Pourtant, de 1955 à la fin des années 70, il fut l’un des auteurs les plus prolixes du pays, écrivant un roman par mois sous des pseudonymes divers en fonction des thèmes abordés, allant du polar à l’érotique en passant par la romance ou l’anticipation.

Mais c’est bien sous le nom de Peter Randa qu’il fut le plus connu, en France comme à l’étranger, ses romans étant traduits en une vingtaine de langues. La science-fiction et le policier étaient ses domaines de prédilection et aux éditions Fleuve noir, il publia pas moins de cent cinquante titres dont chacun s’écoulait à plus de 60 000 exemplaires, ce qui ferait pâlir les auteurs d’aujourd’hui. Il fut aussi l’un des précurseurs des « space-opera » littéraires, grandes épopées interstellaires, très en vogue dans les années 1970, et participa à plusieurs projets de films et de feuilletons télévisés. Son roman « Jusqu’au dernier » est adapté au cinéma en 1957 avec Raymond Pellegrin et Jeanne Moreau dans les rôles principaux.

Né en Belgique en 1911, le jeune André Duquesne a très tôt des velléités d’écriture et développe un réel talent de conteur. Pourtant, c’est vers d’autres activités professionnelles qu’il s’oriente, de joueur professionnel à directeur de cabaret, ce qui ne lui crée pas que des amitiés.

Son roman « Solde à la morgue » en 1955 est un succès de librairie lui permettant d’entamer une nouvelle vie et d’être reconnu comme un écrivain populaire. Toutefois, peu enclin à la médiatisation et fuyant le milieu littéraire parisien, Peter Randa s’installe en Thouarsais, à Sainte Radegonde en 1961, d’où est originaire son épouse. Homme réservé et solitaire, il passe des heures dans son bureau à inventer ses histoires, se reconnaissant comme « un anticonformiste attaché aux valeurs traditionnelles ». Si son épouse fut elle-même conseillère municipale à Sainte Radegonde, Peter Randa entretient peu de relations avec la population locale. Néanmoins attaché à ce pays thouarsais où il prend le temps de se balader en famille, il s’en inspire pour le décor de certains de ses romans.

La 10 décembre 1979, revenant de Paris où il vient de déposer un nouveau manuscrit à son éditeur, il se tue en voiture près de Tours.

Les éditions originales des romans de Peter Randa alias André Duquesne racontent une époque révolue et sont désormais très prisées des collectionneurs.

Visuel : Peter Randa dans son bureau à Ste Radegonde aux côtés de son épouse – NR 1975